La Chine s'offre le leader
ChemChina espère finaliser début 2017 le rachat du géant suisse Syngenta qui a réalisé 10,46 Mds$ en phytos en 2015. Cette acquisition devrait avoir peu d'impact à moyen terme.
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Le 3 février 2016, pour 43 Mds$, soit un peu plus de 38 Mds€, ChemChina a mis la main sur le suisse Syngenta que Monsanto avait vainement tenté d'acquérir l'an passé. Le 22 août, les deux firmes ont reçu le feu vert du comité pour l'investissement étranger aux Etats-Unis (CFIUS), un passage obligé. Reste celui des autorités de la concurrence à travers le globe, dont l'Europe, qui doit encore statuer. La finalisation de l'opération, reportée pour des raisons réglementaires, est attendue pour début 2017.
Qui est ChemChina ?
Basée à Pékin, ChemChina appartient au gouvernement chinois. Son directeur, Ren Jianxin, est membre du Parti communiste chinois. C'est la plus grosse entreprise chimique de Chine, avec 140 000 employés et une implantation dans 150 pays, pour un CA 2015 de 45 Mds$ (38,4 Mds$ en 2014), réalisé dans différents secteurs : agrochimie, pneus, chimie de spécialité, raffinage du pétrole... En France, en 2006, ChemChina a racheté Adisseo, spécialiste de la nutrition animale. Et dans le monde de l'agrochimie, elle a investi en 2011 dans l'israélien Adama. Mi-octobre, la presse financière faisait écho d'un projet de fusion de ChemChina avec Sinochem, autre géant chinois de la chimie. Rien n'étant pour le moment confirmé, il est difficile d'appréhender l'impact d'un tel rapprochement sur le secteur.
Pourquoi ce rachat ?
« La Chine a vu la tentative de rachat par Monsanto, analyse Matthew Phillips, directeur Protection des cultures et semences du cabinet Phillips McDougall. Cette acquisition va faciliter la mise en marché des spécialités de ChemChina en Europe et lui permettre de bénéficier des capacités de R & D de la firme suisse. » La Chine multiplie ses investissements dans l'agriculture pour des raisons de sécurité alimentaire, avec 1,37 milliard d'habitants. Les gammes des deux protagonistes se complètent : ChemChina est plutôt orienté sur des produits génériques et Syngenta sur des innovations, avec 702 M$ consacrés à la R & D en 2015, d'après le cabinet Phillips McDougall. Ce qui en fait la firme qui investit le plus en R & D. Quant au Suisse, ChemChina va lui ouvrir les portes du pays pour les phytos, un marché que la firme estime à près de 4,6 Mds$ (6 Mds$ en semences), « le troisième mondial et l'un de ceux avec la croissance la plus rapide », indique ChemChina.
Que devient Syngenta ?
« Syngenta restera Syngenta et son siège social demeurera en Suisse », assurait Michel Demaré, président de la firme suisse, dans un communiqué de presse, début février 2016. Et en France ? « Pour rappel, le rachat de Syngenta par Chemchina n'est pas une fusion, c'est un rachat ce qui veut dire plus simplement un changement de propriétaire, appuyait mi-octobre Glaïeul Mamaghani, responsable de la communication externe chez Syngenta France. Il n'est pas prévu dans l'opération de changement dans l'entreprise en conséquence du rachat. Syngenta appartenait à des actionnaires et désormais l'entreprise aura un seul propriétaire. » A priori donc, rien de neuf en France pour les prochaines campagnes.
Concernant les nouveautés, « nous avons obtenu l'homologation de notre SDHI fin août et lançons la solution Elatus Plus pour la campagne 2016-2017, note Glaïeul Mamaghani. Nous nous apprêtons aussi à lancer notre solution de biocontrôle pour des légumes sous serre (Bastid/Blason) et sur vigne d'ici la fin de l'année. A moyen terme, la recherche Syngenta proposera aux agriculteurs des solutions de biocontrôle à base de cuivre, ainsi qu'une nouvelle molécule extrêmement performante sur septoriose et une autre visant la fusariose. Cette dernière sera développée sur de nombreuses cultures : vigne, légumes, colza... »
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